"En octobre 2007, j'étais à Poitiers avec l'équipe Minorette, un peu triste parce que c'était la fin du Territoire des Utopies, même si je ne le savais pas encore. Mon film inachevé était achevé. J'étais autour de la caravane cinéma avec Lili et Virginie, je m'en souviens encore. Et puis Ronan Rocher des Rencontres du Fleuve est arrivé. Il est monté dans la caravane avec une belle femme qui s'appelait Alice je crois bien. Ils en sont ressortis différents. Alors, on a parlé, ils m'ont posé plein de questions et ils m'ont demandé si ça m'intéressait un nouveau voyage sur les bords de Loire, sur l'Ile de Nantes.

J’ai un lien intime avec cette île à Nantes, Prairie d'amont, Pairie aux Ducs, quartier des Ponts, Beaulieu, île fabriquée, remaniée, nommée et renommée au fil de l'idéologie urbaine du moment. De nombreuses sensations étaient encore présentes en moi, le port, les lancements de bateaux, des hommes en bleus, des bateaux, des oranges ramassées sur le quai, une odeur de poulets grillés…


Pour moi, une île me parle d’utopie et puis ça tombait bien, dans le quartier, il y en avait un de café qui s'appelait l'utopie. J'ai posé ma caravane cinéma dans le quartier, j'ai partagé mes souvenirs, mes idées, mes émotions, avec les habitants, anciens et nouveaux. Je me suis promené, j'ai filmé. J'ai beaucoup aimé ces moments-là, avec André et son restaurant incroyable, Petit Louis et tous les autres présents au rendez-vous des hommes libres. On nous a pris pour l'équipe de Goran Brégovitch, Hugues Pluviôse seul au piano alors que le groupe F illuminait la grue jaune... Un moment surréaliste. La folie d'un tournage au coeur du festival des Rencontres du Fleuve qui a réuni ce jour-là plus de 50 000 Nantais !"
Benjamin Minorette